Avant d'être envoyé comme "émissaire spécial" à Cuba, le socialiste avait déjà été dépêché au Yémen, dans l'indifférence générale.
Suspecté sans cesse d'être au bord de céder aux sirènes du sarkozysme, maintes fois pressenti comme nouvel entrant au gouvernement, Jack Lang a toujours réfuté ces allégations, en précisant toutefois qu'il ne s'interdisait pas d'effectuer des missions ponctuelles. C'est ce qu'il vient d'accepter en devenant "émissaire spécial" de Nicolas Sarkozy à Cuba.
Nouvelle prise du chef de l'Etat chez les socialistes? Passage à l'ennemi acté? Martine Aubry, la nouvelle première secrétaire du PS soutenue durant la campagne interne par l'ex-ministre de la Culture, s'est empressée de dégonfler la polémique naissante, en déclarant qu'il "fait partie des talents de la France" et que "tout le monde a envie de les utiliser".
Les détracteurs de Jack Lang au sein du parti n'ont même pas pris la peine de faire connaître leur déception, attendant depuis longtemps ce faux pas, notamment depuis son vote en faveur de la réforme des instituons l'été dernier (le seul parmi les parlementaires socialistes). Il faut dire qu'il avait participé à la commission de révision de la Constitution présidée par Edouard Balladur.
Avant de tenter de renouer le dialogue politique et la coopération entre la France et Cuba, Jack Lang avait pourtant déjà œuvré pour Nicolas Sarkozy, sans que personne ne s'en émeuve ou ne s'en félicite. C'était il y a presque un an jour pour jour. Et déjà pour apaiser les relations diplomatiques de la France.
A l'occasion du dîner du Crif du 13 février 2008, le président français avait choqué une partie du monde arabe en s'engageant "à ne jamais serrer la main de quiconque ne reconnaîtrait pas Israël". Le président du Yémen, Ali Abdallah Salah, avait publiquement exprimé ses regrets.
Alors Jack Lang avait été dépêché quatre jours plus tard chez le président yéménite. "Il était porteur d'une lettre écrite de Nicolas Sarkozy invitant Ali Abdallah Saleh à un grand salamalec à Paris", expliquait à l'époque l'hebdomadaire Les Afriques.
Cet épisode cubain, en outre, survient un mois après la proposition par l'Elysée, alléguée par le site du Nouvel observateur mais démentie par l'intéressé, du poste de représentant permanent de la France au Conseil de sécurité des Nations unies.
Il va devenir de plus en plus difficile pour Jack Lang de trouver sa place au sein d'un Parti socialiste en phase de reconstruction. Mais l'ancien ministre de François Mitterrand le souhaite-t-il vraiment ?
► Les explications de Jack Lang sur sa mission à Cuba, sur LeParisien.fr
(*) Par Julien Martin | Rue89 | 25/02/2009