Nicolas Sarkozy souhaite que les actionnaires, les salariés et l'entreprise se partagent à part égale les bénéfices. Si on en croit les comptes établis par l'Insee, le chemin va être long.
Nicolas Sarkozy l'a claironné haut et fort le 5 février dernier : il faut que les entreprises partagent leurs bénéfices en trois tiers. Un tiers pour les actionnaires, un tiers pour les salariés sous forme d'intéressement et de participation aux bénéfices et un tiers qu'elles conservent pour financer leurs investissements et leur développement. Si on en croit les comptes de l'ensemble des entreprises françaises en 2006 (1) tels que les a établis l'Insee, le chemin va être long.
Les catégories des comptes nationaux ne correspondent pas exactement à celles de la comptabilité d'entreprise et il faut donc les triturer un peu pour retomber sur ses pieds. L'Insee considère par exemple l'intéressement et la participation comme des salaires. La comptabilité nationale ne connait pas non plus la notion de bénéfice : elle n'estime que des « profits bruts » avant amortissement, c'est-à-dire prise en compte de l'usure des équipements existants et de la nécessité de simplement les remplacer. La Note de l'Insee évoquée par le quotidien Les Echos du 18 février 2009 entretient d'ailleurs cette confusion : le partage des profits qui y est calculé n'a, en particulier pour cette raison, rien à voir avec le partage des bénéfices des entreprises tels qu'ils ressortent de leurs comptes annuels...
Si on opère rigoureusement les reclassements nécessaires, il apparait que pour un chiffre d'affaires global de 2260 milliards d'euros, les entreprises (les sociétés non financières dans le jargon de la Comptabilité nationale) avaient réalisé en 2006, 137 milliards de bénéfices avant impôt, soit 6 % de leur CA. Elles avaient payé 41 milliards d'impôts sur les bénéfices et il leur est donc resté 95 milliards d'euros à partager. Là-dessus 71 sont partis aux actionnaires, 15 aux salariés sous forme d'intéressement et de participation, soit 16 % du total (2). Et il n'en restait que 9, soit 9 % du total, pour financer le développement des entreprises... Sans commentaires. (une fois déduits les dividendes que les entreprises ont-elles-même reçues de leurs filiales), soit 75 % du total,
Résultat des sociétés non financières en 2006 en milliards d'euros et en % du bénéfice après impôts
Source : Insee, Dares, calculs Alternatives économiques
Bénéfice après impôts | 95,1 | |
Revenu distribué aux actionnaires | 71,0 | 74,6% |
Intéressement et participation | 15,1 | 15,9% |
Reste à l'entreprise | 9,0 | 9,5% |