Manifestation des Lycéens à Vitrolles…
Jeudi 6 décembre la manifestation des Lycéens à Vitrolles a dégénéré. Cela a repris vendredi 7 décembre.
Je suis interpellé sur violences des manifestations en tant qu’Elu de la Ville et père d’une Lycéenne de Jean Monnet. J’ai donc voulu un peu mieux comprendre la situation.
Jeudi et vendredi des Lycéens de Marignane des Lycées Blériot et Genevoix sont venus entrainés leurs camarades Vitrollais dans leur mouvement de contestation.L’origine du conflit, c’est la réforme programmée du bac professionnel (1) qui ne serait plus accessible aux titulaires du BEP, en 4 ans. C’est effectivement totalement scandaleux, et supprimer cette possibilité, revient à supprimer une seconde chance à des élèves de revenir dans une filière bac et plus.
Le problème c’est que le mouvement est totalement désorganisé et que cela a dégénéré avec de la casse et de la violence.
Cela avait commencé mardi au Lycée Louis Blériot de Marignane. Au grand dam des organisateurs, il y a eu des premiers incidents, et le calme est revenu avec l’intervention des forces de Police.
Jeudi, les lycéens de Marignane sont donc venus à Vitrolles, et il y a eu de nombreux incidents à Jean Monnet notamment. Le mouvement s’est transformé en mouvement de casseurs. 3 jeunes manifestants ont été placés en garde à vue.
Cela a recommencé vendredi matin. C’est encore pire que la veille, et on se demande où sont les lycéens sincères qui manifestent légitimement contre un projet inique ? Il semble que l’on ait plus affaire à des bandes de casseurs, lycéens ou pas d’ailleurs ? 7 lycéens de Marignane ont été interpellés par les forces de l’ordre (2).
Cette violence doit nous interpeller. Même si cela ne fait pas la une des médias, j’avoue avoir découvert, que ce type de problème marignanais qui déborde maintenant à Vitrolles, n’est pas l’apanage de nos 2 villes. Il y a eu des incidents du même type notamment à Mulhouse et à Marseille (3).
Il faut dissocier les « vrais casseurs » des lycéens qui se sont laissés entrainés. A ces derniers, il faut qu’il réfléchisse sur le rapport entre une revendication pour la défense du bac pro, et la volonté d’aller tout casser à Carrefour ?
Dans tous les cas la violence est inacceptable. Ma fille était dans une classe dont les vitres ont éclatées suite à des jets de pierre. Cela aurait pu être très dangereux pour les élèves.
Pour finir, je dissocierai les revendications des élèves des filières professionnelles inquiets à juste titre de la réforme qui se prépare, et celles des casseurs qui sont là pour d’autres motifs. J’espère qu’il n’y a pas de téléguidage derrière ces violences « gratuites »… Il faut absolument que les lycéens se structurent, s’ils veulent conserver une crédibilité dans leur action revendicative. Cela signifie aussi d’éliminer les casseurs des manifestations.
Enfin pour finir, la municipalité n’est pas restée inactive face à ces évènements qui se déroulent sur notre ville. La Police Municipale a bien évidemment été mobilisée et le préfet a été sollicité pour des renforts de police sur la ville, ce qui a été fait.
A suivre,DH
NB : Pour le problème de fond de la réforme du bac pro, je conseille la lecture de l’intervention de Jean-Luc MELENCHON au Sénat le 5 décembre, qui a été dans le gouvernement Jospin, Secrétaire d’Etat à l’enseignement professionnel :
(1) Réforme du bac professionnel : l'inquiétude monte
[ Les Echos du 04/12/07 ]La réforme du baccalauréat professionnel annoncée cet automne par le ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos, suscite des inquiétudes.
Après les lycéens qui en ont fait l'un des mots d'ordre de leur mobilisation, les syndicats d'enseignants ont fait monter la pression hier, et ont obtenu de l'entourage de Xavier Darcos la promesse d'être reçus dans « les jours qui viennent ».
Le ministère veut inciter l'an prochain 40.000 lycéens à passer le bac professionnel en trois ans au lieu de quatre. Moyen, dit-il, de revaloriser la filière en la calquant sur les cursus généraux, mais aussi d'inciter plus d'élèves à aller jusqu'au bac professionnel (aujourd'hui seuls 39 % des élèves de BEP poursuivent leur scolarité).
La réforme pourrait cependant conduire à supprimer des classes de BEP, d'où la colère des syndicats qui dénoncent une « logique comptable ».
(2) Nouvelles manifestations de lycéens à Marseille et sa régionDe nouvelles manifestations de lycéens contre la loi Pécresse et la réforme du bac professionnel se sont déroulées vendredi à Marseille et dans des villes voisines, avec une dizaine d'interpellations notamment à Vitrolles (Bouches-du-Rhône), a-t-on appris de source policière.
Selon le rectorat, dix lycées de l'académie d'Aix-Marseille ont été perturbés, tous dans les Bouches-du-Rhône.
Deux d'entre eux ont été bloqués complètement, à Aubagne et Marignane, deux autres ont fait l'objet de blocages filtrants, à Marignane et Marseille, cinq subi des tentatives de blocage avec un fort taux d'absentéisme à Istres et Marseille. Un dixième à Vitrolles a été bloqué par une manifestation de lycéens de l'extérieur alors que les cours se déroulaient normalement à l'intérieur.
A Vitrolles, sept lycéens de Marignane ont été interpellés pour des jets de pierres sur les forces de l'ordre après des incidents devant le lycée Jean-Monnet qui n'ont fait aucune victime. Les manifestants, au nombre de 150 à 200, ont ensuite tenté de pénétrer dans le centre commercial de Vitrolles mais en ont été dissuadés par les vigiles et la présence d'importants effectifs policiers.
A Marseille, jusqu'à 300 lycéens ont manifesté dans les rues du centre-ville avant un sit-in devant la préfecture. Il y a eu quelques bousculades et deux personnes ont été interpellées.
A Toulon (Var), 150 à 200 lycéens selon la police, 250 à 300 selon les organisateurs, ont fait une tournée des établissements dans le centre-ville en partant du lycée professionnel Cisson et en empruntant la chaussée. Ils se sont dispersés sans incidents vers midi.
(3) Les lycées pros marchent à l’explosionLes élèves du lycée de Vedène dans le Vaucluse bloquent leur établissement.
La réaction des lycéens professionnels de l’Académie Aix-Marseille au volet des réformes éducatives nationales qui les concernent oscille entre explosion sporadique y compris d’une certaine violence à un calme qui peut aussi être interprété comme étant de l’apathie et de la résignation. Une vingtaine d’établissements sur 47 ont été touchés à divers degrés (blocage, barrages filtrants, absentéisme), souvent sur un jour ou deux, rarement plus actuellement.
La police a parfois été appelée pour régler des blocages souvent durs, à Colbert, Le Chatelier, Mistral ou Ampère (des lycées commençaient à jeter des pierres sur le magasin Auchan de Saint-Loup), avec des interpellations (9 au Chatelier mardi).
Ce comportement volatil pour l’instant peut être expliqué par les caractéristiques de ce public. "Il y a une grande inquiétude quant à l’avenir chez nos élèves, l’impression qu’ils sont des laissés-pour-compte. Nous avons souffert d’un grand déficit de communication sur la réforme du bac pro, y compris nous. Réalisant notre carence, nous avons beaucoup fait de réunions", a expliqué le proviseur de La Calade.
La réforme du bac pro (lire le dossier sur le Blog Educ) vise à réduire en trois ans le cursus, avec la suppression de certains BEP, le ministère parlant de valorisation pour une meilleure intégration sur le marché du travail, les syndicats enseignants et les lycées protestataires craignant qu’un plus grand nombre de jeunes sortent sans qualification du système scolaire.
Une autre composante du comportement des lycéens pro est leur absence désormais des manifestations nationales contre la loi LRU dite Pécresse. Si les lycéens de Blaise Pascal, Eiffel (La Ciotat), La Calade étaient nombreux dans les premières manifestations, s’affichant avec leurs banderoles, ils sont désormais beaucoup moins nombreux, préférant faire des actions sur le site de leur établissement, voire dans certaines autres villes de France, d’organiser des manifestations spécifiques (Agen, Mulhouse hier avec quelques incidents et quatre interpellations).
"Nous n’avons pas les mêmes revendications et finalement pas la même vie que les lycéens des généraux, destinés à aller en faculté", explique Rémy de Ampère, où les élèves ont fait hier une assemblée générale. A la faculté Saint-Charles, lors de l’assemblée générale de mercredi, un étudiant a demandé que la revendication de la suppression de la réforme du bac pro soit intégrée, sa demande a été rejetée.
Du côté des lycéens pro, alors que la Coordination étudiante et lycéenne de France se rassemble ce week-end à Nice sans aucun représentant de leur corporation, le sentiment d’isolement est parfois majoritaire.